Martine Pinsolle

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Peindre le corps pour Martine PINSOLLE révèle son attachement à la tradition. C’est un acte doublement mémoriel par le motif et le médium.
Le corps nu intéresse l’artiste parce qu’il est dépouillé de tout artifice qui puisse l’inscrire dans une réalité sociale ou environnementale. Elle aime son rapport essentiel à l’espace dans lequel le corps peut être en tension ou en abandon, en creux ou en plein, en lumière ou dans l’ombre.
L’acte pictural, à la fois froidement technique et émotionnel s’accomplit dans la description de la gestuelle corporelle avec laquelle elle partage la même énergie vitale.
Martine PINSOLLE peint par séquences pour ne pas perdre le sujet auquel elle est attachée et parce qu’elle trouve à cette répétition le rythme vrai de notre vie, une sorte de scansion, de motif musical.
La représentation du corps est chez elle austère : absence de fond, postures parfois souffrantes ou comme figées dans un temps suspendu. Le dépouillement lui semble être le meilleur atout pour un échange avec le spectateur qu’elle veut installer dans un silence presque religieux.
Des variantes plus apaisées cependant : le corps peut se voiler, il devient « autre », s’inscrit dans la narration qui généralement rebute l’artiste. Nous entrons alors dans un univers plus ou moins intime où les conversations restent secrètes et inaudibles. Même s’il lui arrive d’être pris dans les perspectives d’un décor, le corps reste le centre du propos. Le chromatisme et la lumière y gagnent juste en intensité.
Le glissement du corps au portrait s’opère naturellement. Du corps au visage, la frontière est mince mais son passage entraîne des changements radicaux : la couleur s’impose et le vêtement est là pour rappeler qu’on est dans une réalité identitaire. La pose est convenue. L’attitude et les vêtements participent à l’expressivité de l’ensemble.
Le visage est encore moins lisible que le corps qui reste la démarche authentique de Martine PINSOLLE, l’arc-boutant de ses compositions où l’humain se suffit à lui-même, « évident comme un paysage », se plaît-elle à dire.